Le projet Objets idiopathiques s'intéresse aux anomalies en référant à certains dysfonctionnements biochimiques. Le corpus se matérialise en un ensemble d’étranges volumes qui semblent issus d’une croissance anarchique. Des matrices en mutation qui questionnent leur évolution, leur puissance et leur limite. Ce sont des volumes qui mettent en relief une matière exposée au mouvement et à la pression qui génère un débordement de formes stratifiées qui se déversent dans l’espace.  « Idiopathique » est un terme emprunté à la médecine pour qualifier un signe ou un symptôme qui existe par lui-même, dont on ignore la cause et pour lequel l’évolution demeure hypothétique. Il évoque l’aspect métaphorique de ses formes plastiques d’origine et de destination inconnues, paradoxalement autonomes. Ce sont des objets « vivants » qui se transforment dans le temps, animés d’une forme d’entropie. Dans une perspective élargie, ce corpus propose un questionnement sur le vivant, sa complexité, ses paradoxes, sa force et sa fragilité, sa puissance et ses limites. La facture organique en témoigne. La fabrication de formes et de structures biomorphiques reflète mon intérêt pour les systèmes biologiques, la matière organique et les anomalies et désordres qui s’y développent. La tension entre un équilibre d’apparence précaire et la stabilité de la masse qui s’impose par sa dimension à échelle humaine évoque certains dualismes propres au vivant : force/fragilité, ordre/chaos, norme/anomalie, genèse/déclin. Je m’intéresse aux tensions inhérentes à leur dichotomie.


-Marie-Ève Fréchette, Particules élémentaires, Mémoire (M.A.)-Université Laval, 2018, En ligne
Objets idiopathiques, exposition individuelle présentée à Espace Parenthèse, Québec, 2014






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