Démarche/ statement

By using various methods of producing, accumulating and appropriating miscellaneous objects, I create enigmatic and unusual sculptures. I work within the physical limits of my body, resulting in objects that are on a human scale. These objects confront me and exist within their materials, their space, their strangeness and their identities. I am interested in the body’s relationship to sculpture.

My work challenges how we relate to objects. I am drawn to their potential for transformation, their possible significances and how we may modify their ways of being to allow them to reveal themselves differently. I wish to make abstraction of the object’s function in order to favour its form, subtracting its meaning in favour of the artwork. My sculptures explore the bridge between organic and constructed objects, combining the handmade with the manufactured. I examine the mutability of objects and the connections resulting from their coexistence. I aim to create tension within a single unit by allowing its underlying elements to interact with one another. This state of tension arises from the incongruity and unlikelihood of connections that form between colliding, interacting elements while they are simultaneously in opposition and association. I am not seeking to represent an idea, but to present something that exists according to its own particular logic. Each ensemble becomes a formal and tactile universe, like a work of fiction with no function other than to exist. My objects do not represent anything precise; they are something.

I am interested in the dividing lines between certain dichotomies that are characteristic of living things and the inherent tensions that arise from these: order/chaos, normality/abnormality, genesis/decline. Within the notions of metamorphosis and proliferation lies the idea of movement through time, and these concepts emerge from my work. My art is fuelled by biology, and it looks at living things in all of their complexity, with their power and their paradoxes, their order and their chaos, their strength and their fragility. The organic nature of my work is a reflection of my interest in biological systems, organic matter and the abnormalities and imbalances that may develop within these.
Marie-Ève Fréchette

Démarche

Mes recherches portent sur la question de l’objet, son mode d’existence et ses dispositifs de présentation. J’interroge notre rapport à celui-ci en m’intéressant à ses possibilités de transformation et de signifiance. Dans une volonté d’abstraire l’objet fabriqué de son registre fonctionnel au profit de sa présence immédiate, je cherche à en modifier le mode d’existence afin qu’il se révèle autrement, dans une résistance signifiante. En utilisant divers procédés d’accumulation et d’appropriation d’objets, je m’intéresse à la relation du corps à l’espace propre à la sculpture. Je travaille en trois-dimensions dans l’espace réel à partir des objets et des matériaux qui m’entourent. Il en résulte des objets à mon échelle, qui me confrontent dans mon espace et qui existent dans leur matière, leur étrangeté. 

Mon travail sculptural se présente en différents corpus qui articulent l’espace dans lequel ils prennent forme. Chaque corpus est un système à l’intérieur duquel se développe une logique qui lui est propre. C’est un univers formel et tactile qui n’a d’autre fonction que d’exister. Chaque élément est important et réfléchi, tout en étant le fragment d’un tout. J’explore la mutabilité des objets et leurs connexions par diverses techniques d’assemblage qui activent leur coexistence. Je cherche à multiplier les rapports internes de l’ensemble, à induire des échos entre les différentes pièces du corpus. J’observe de quelle manière, d’une part, la mise ensemble d’éléments divers peut niveler leurs significations (leurs origines, références, fonctions…) dans une logique quasi-quantitative et, d’autre part, comment une chose ou un objet ordinaire peut prendre un surcroît de présence à côté d’un autre, selon le contexte. Comment cette chose apparaît dans ce qu’elle est, dans sa qualité d’objet. Dans cette volonté de ne pas définir ni classifier les objets réside un intérêt pour leur identité propre. Je m’intéresse aux objets pour eux-mêmes. Je veux mettre en évidence cette objectité et expérimenter de quelle façon cette chose agit dans ce qu’elle est, dans ses qualités intrinsèques.

Mon travail reflète ma manière de voir mon environnement et d’en rendre compte. J’observe la façon dont le monde se construit et se transforme. Je questionne son fonctionnement et l’action que nous avons sur celui-ci. L’humain est une machine biologique instable qui transforme son environnement, et ce dernier le transforme en retour. Dans une perspective élargie, mon travail propose un questionnement sur le vivant, sa complexité, ses paradoxes, sa force et sa fragilité, sa puissance et ses limites. La facture organique en témoigne. La fabrication de formes et de structures biomorphiques reflète mon intérêt pour les systèmes biologiques, la matière organique et les anomalies et désordres qui s’y développent. La tension entre un équilibre d’apparence précaire et la stabilité de la masse qui s’impose par sa dimension à échelle humaine peut évoquer certains dualismes propres au vivant : force/fragilité, ordre/chaos, norme/anomalie, genèse/déclin. Je m’intéresse aux tensions inhérentes à leur dichotomie.

Les notions de métamorphose et de prolifération, qui sont intimement liées au vivant et dans lesquelles réside l’idée de mouvement, se dégagent de l’ensemble de mon travail, bien qu’elles ne soient pas l’objet direct de mes recherches. L’accumulation des objets dans l’espace et le recours à la répétition de mêmes formes ou de motifs (structures symétriques répétitives d’objets usinés, spirales, ressorts, formes stratifiées) suggèrent l’idée de prolifération ou de l’ordre apparent qui régit la nature.

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